Login

Biodiversité « Diversifier les cultures m’apporte de la sécurité »

Germain Coulon a replanté 850 mètres de haies il y a deux ans. Outre leur rôle d’abri pour la faune sauvage, l’éleveur y voit d’abord une source d’ombrage pour protéger vaches et cultures, ainsi qu’un approvisionnement en bois de chauffage pour sa maison et l’eau nécessaire au bloc traite.

Afin d’être autonome en fourrages, Germain Coulon s’appuie sur les mélanges d’espèces et depuis deux ans, sur les variétés population de maïs. Cette diversité cultivée apporte selon lui une complémentarité entre espèces et plantes, et une capacité d’adaptation aux aléas climatiques.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Installé depuis dix ans à Teloché (Sarthe), Germain Coulon a hérité de ses parents – à ses côtés jusqu’à leur retraite en 2018 – d’un système de production favorable à la biodiversité. « Ils étaient adhérents au Civam car ils souhaitaient aller vers un système plus extensif que ce qui se faisait traditionnellement à leur époque, raconte le jeune éleveur. Mais ils n’employaient pas forcément le mot biodiversité. » Au début des années 2000, une fois le remembrement du secteur achevé, ils vont à contre-courant en replantant quatre kilomètres de haies, avec l’objectif premier, dans le cadre d’une conversion à la production biologique, de créer de l’ombrage pour développer le pâturage. Lors de son installation en 2013, Germain Coulon ne remet pas ce choix en question. Il n’a pas réellement entendu parler de biodiversité au cours de sa formation jusqu’en BTS Acse. Mais il y est sensibilisé petit à petit en participant aux formations du Civam AD 72. « Je n’avais pas envie de toucher aux produits phytosanitaires ; je visais plutôt la préservation d’un équilibre naturel entre ravageurs et auxiliaires. Certes, on produit moins en bio, mais on a aussi moins de charges.»

Les épis récoltés pour la production de semences sont stockés dans des filets suspendus dans un préau pour sécher à l’air libre tout l’hiver. ( © G.Coulon)

Pour le jeune éleveur, l’objectif numéro un est en effet l’autonomie de l’exploitation. Et c’est dans ce but qu’il s’appuie sur la diversité des cultures au sein de son système fourrager. Ce système repose en premier lieu sur 110 ha de prairies utilisées pour la production d’ensilage, l’affouragement en vert et le pâturage. Les terres de la ferme étant portantes, la saison de pâturage peut commencer dès le début du mois de février et se prolonger jusqu’à la fin de l’année – l’hiver dernier, les vaches sont rentrées au bâtiment le 5 janvier 2023. Le creux de pousse en juillet et août est compensé par l’affouragement en vert à partir de parcelles éloignées. Ainsi, le silo d’ensilage (sandwich herbe et maïs) reste fermé entre le début du mois d’avril et la fin de l’été.

« On récolte toujours quelque chose »

Pour que la production d’herbe soit bien étalée dans le temps et résiliente vis-à-vis des aléas climatiques, Germain Coulon ensemence ses prairies avec un mélange de fétuque élevée, ray-grass anglais, ray-grass hybride, trèfle blanc, trèfle géant et trèfle violet. « Cela fonctionne bien, constate-t-il. Selon les coupes, les espèces sont plus ou moins représentées, mais on est sûr de toujours récolter quelque chose. La diversité d’espèces apporte de la complémentarité, de l’autonomie protéique, de l’azote et de la structure dans le sol. Selon moi, cette diversité est sécurisante. » Les mêmes raisons poussent l’éleveur à produire un méteil d’avoine, pois et triticale, récolté en grains pour l’alimentation des vaches.

Les semences de maïs population fraichement égrenées pour les semis 2023. L’éleveur a besoin de 25 kg par hectare. ( © N.Tiers)

Côté maïs, Germain Coulon a adopté depuis deux ans les variétés population, dans le cadre d’un groupe du Civam AD 72. «Là encore, ma motivation pour créer mes propres semences était l’autonomie et l’opportunité de renouer avec le sens du métier de paysan, justifie-t-il. Et puis, je crois que la diversité génétique au sein d’une variété population est un moyen d’adapter progressivement mes semences à mes terres. » Au printemps 2021, l’éleveur sème une variété de maïs population, à la fois pour sa production d’ensilage et pour celle de grains (vendus à l’Ufab pour l’alimentation animale).

Rendement et qualité similaires aux hybrides

Par curiosité, il en teste la vigueur auprès de quelques rangs d’une variété hybride et ne constate pas de différence. Au moment de l’ensilage, il réserve quatre rangs dont il récolte l’ensemble des épis, sans sélection, avec l’aide de sa famille. Ceux-ci sont stockés dans des filets suspendus dans un préau pour sécher à l’air libre tout l’hiver. L’égrainage est réalisé avant les semis 2022. « L’ensemble des opérations me demande au maximum une journée et c’est plutôt plaisant à faire, estime Germain Coulon. Les épis ont des tailles et des couleurs très variées. J’ai encore peu de recul, mais pour le moment, les rendements et qualités d’ensilage obtenus sur les deux années sont similaires à ceux d’un maïs hybride. Je récolte juste en dessous de l’épi de façon à concentrer l’ensilage en énergie. L’hiver dernier, la production laitière a été bonne.» En 2022, malgré la sécheresse, le maïs a plutôt bien résisté. La récolte fin août a donné de 8 à 10 t de MS/ha. Pour la récolte des semences cette année-là, l’éleveur a décidé de récupérer les épis sur la partie la plus séchante des parcelles dans l’objectif de renforcer la résistance à la sécheresse de sa variété.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement